Découvrir les meilleurs vins de Savoie

Découvrir les meilleurs vins de Savoie

C’est la pleine saison des sports d’hiver. Les sommets savoyards sont à la fête, tout comme la Savoie viticole ! Fraîcheur des vins d’altitude, plébiscite du consommateur pour les vins blancs et les vins rouges légers, appétence, à l’heure des réseaux sociaux pour la nouveauté, le « small is beautiful », orientation forte vers une viticulture bio ou biodynamique, et cause ou conséquence, amélioration qualitative des vins. Les planètes sont désormais alignées en faveur des vins de Savoie. Décryptage !

Un terroir unique au service de la qualité

La Savoie, à l’image de nombreux vignobles plantés dans des régions touristiques, a longtemps « surfé » sur la facilité. Les, vins vite vendus, bons à consommer à « grande lampée » en accompagnement de la raclette ou de la fondue, n’encourageaient pas les vignerons a une recherche accrue de qualité. Soyons honnête le consommateur français n’y poussait pas non plus !

Le vignoble de 2100 hectares (pour comparaison, Châteauneuf-du-Pape s’étend sur 3000 hectares) s’étend sur la Savoie, la Haute-Savoie, l’Isère et l’Ain, en divers ilots, et depuis peu, sur de nouveaux secteurs dans la partie sud des Alpes. Un vignoble extrêmement morcelé dont les réalités en termes de sols et de climats sont extrêmement diversifiées. 

La région, nichée entre lacs et montagnes, bénéficie d'un climat continental influencé par les reliefs environnants. Les vignobles s'étendent sur des coteaux escarpés avec des amplitudes thermiques importantes entre le jour et la nuit, favorisant le développement d'arômes complexes, tandis que l'altitude apporte fraîcheur et finesse aux vins. 

Un atout pour la région, à l’heure où du fait du dérèglement climatique, les degrés « s’affolent ». Le consommateur effrayé recherche désormais des vins rouges plus légers. A cette aune, fort de ces 23 cépages endémiques, la Savoie « possède en portefeuille » des cépages favorables à ce profil.

Des cépages rouges en pleine renaissance

 Derrière le Gamay qui reste le principal cépage rouge, suivi de la Mondeuse noire et du Pinot noir, certains cépages rouges connaissent un développement notable. 

Les cépages Persan et Etraire de la Dhuy reconquièrent des terroirs. 

Deux cépages aux profils tanniques, potentiellement riches en alcool mais aussi en acidité. Leur présence sous les climats propices savoyards nous offre des vins avec des beaux équilibres, capables d’une belle évolution dans le temps.

 La dégustation du Persan 2021 du domaine Giachino est ainsi, tout en gourmandise avec des notes de cerise et de kirsch accompagnées de fruits noirs, tout en conservant une trame concentrée autour de tanins fins.

La Mondeuse noire « Prestige des Arpents » du micro-domaine les Fils de Charles Trosset offre aussi cette dimension d’une grande buvabilité. Sur 2022, elle offre un magnifique volume, l’éclat du fruit frais, à la gourmandise irrésistible et aux tanins poudrés. 12.5 degrés pour ces deux vins !

La Savoie, royaume des vins blancs

La Savoie reste cependant une terre de vins blancs. 70% de la production locale est ainsi blanche. 

A travers la Jacquère notamment, bien connu des amateurs de l’appellation Apremont. Ce cépage à lui seul représente 55% de la région. 

Modèle de fraicheur et de légèreté, elle a longtemps symbolisé l’image de vins acides qui « collait » à la Savoie. Le réchauffement climatique (tantôt favorable tantôt destructeur car la Savoie est sensible aux gels printaniers), une meilleure recherche de maturité, modifient parfois (mais pas toujours !) l’expression de ce cépage. 

La fraîcheur inhérente à la Jacquère est surtout un atout majeur pour l’élaboration de Crémant qui, comme pour l’ensemble des vignobles français, progressent ici en volume et en qualité. La dégustation du Brut Alpin millésimé 2015 du domaine Blard en est un parfait exemple. La Jacquère, ici associé à 30% de Chardonnay, a bénéficié d’un vieillissement sur lattes de cinq ans, digne d’un Champagne millésimé. Le savoir-faire sur ce crémant est indéniable, avec une finesse de bulles et une complexité aromatique absolument géniale.

L’autre cépage blanc bien implanté est l’Altesse, connu à travers l’appellation Roussette. Elle donne selon moi sa plus belle expression sur le cru Marestel. Nettement plus riche que la Jacquère, elle développe des arômes fruités et épicés. Ainsi la Marestel du domaine Dupasquier, après quelques années, vous transportera dans un univers oriental, inimaginable instinctivement en Savoie. Une puissance parfaitement équilibrée par un complexe acidité/minéralité intense.

Si vous avez encore cette image « acide » des vins blancs savoyards, voici deux autres vins à découvrir.

D’abord la cuvée Raipoumpou signé par le talentueux Adrien Berlioz. 

Ce Chignin est un pur Bergeron, qui n’est autre que le nom local de la Roussanne, cépage très présent en Vallée du Rhône. Elle conserve ici une minéralité « sortie du caillou », un sacré volume en cœur de bouche, sur des notes mellifères identitaires du cépage.

Foncez encore sur la trop rare Verdesse du domaine Finot. 

Récolté à sur-maturité pour éviter le côté vert du cépage, elle offre un profil épicé et beurré, trompant volontiers le dégustateur pensant à Meursault. Encore une fois le vin, au-delà de l’intensité, conserve une fraicheur insolente. Un choc !

Verdesse, Persan, Gringet (je manque de place mais je pourrai écrire une page entière sur le travail extraordinaire accompli sur ce dernier cépage par le regretté Dominique Belluard – Ces cuvées « Le Feu » et sa bulle « Mont-Blanc » resteront des modèles à suivre) ne sont que quelques exemples de l’émulation ampélographique qui gouverne aujourd’hui la Savoie. 

Le succès est au rendez-vous. Les belles cuvées se vendent désormais au-delà d’une trentaine d’euros, quand on réussit à les trouver ! 

La restauration étoilée s’amourache de ces grands blancs, tout comme les jeunes, à la consommation plus occasionnelle et adeptes du vin blanc à l’apéro. « Une nouvelle génération plus curieuse que les précédentes arrive, qui souhaite trouver des vins abordables et plus frais", explique Bertrand Rajot, responsable spiritueux et sommelier pour une célèbre cave à vins lyonnaise. 

Il y a aussi et surtout une forte reconnaissance à l’internationale ! "Une explosion des demandes" : Japon, USA, Scandinavie... Comment les vins de Savoie ont réussi à conquérir le marché mondial », signe le 14 janvier dernierMarie-Charlotte Perrier pour France 3 Régions. 

En plus de Bertrand Rajot ci-dessus, elle cite Franck Berkules, chargé d’export pour l’interprofession des Vins de Savoie : "Ce qui plaît, c’est le côté méconnu. Les acheteurs de vins aiment découvrir des pépites, des vignobles qui commencent tout juste à émerger, mais avec un bon rapport qualité-prix. Avec ses 2000 hectares de vignobles, notre AOP est microscopique. Mais elle plaît à ceux qui ont fait le tour des grands domaines bordelais ou bourguignons ».

Alicia Dorey dans le Figaro-Vin trois jours plus tôt, va dans le même sens et précise : « c’est peut-être puisque les grands du Jura ne sont déjà plus accessibles, que la folie spéculative conduit à une demande internationale pour les vins de Savoie, stratosphérique ».

Vous l’aurez compris, si vous grimpez sur les sommets dans les semaines à venir, cherchez un peu et peut-être trouverez-vous quelques « quilles rafraichissantes, en plus des boules de neige !

 

N'hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez en savoir plus sur les vins de Savoie